ON REFERA LE PETIT BATEAU DEMAIN MADEMOISELLE ?

Mecredi je suis allée chercher Nathalie au service car nous devions passer la soirée ensemble et elle avait même décidé de dormir à la maison. J'avais hâte de la voir et puis je voulais aussi retrouver l'ambiance et me mettre un peu au courant avant ma reprise de jeudi. Javais aussi de la tristesse car c'était la première fois depuis très longtemps que j'allais être séparée de mon Amour. Je n'avais pas de crainte pour ce que je ferai jeudi, je dis sans orgueil mais j'ai de l'expérience et ce n'est pas une interruption même longue qui pouvait me faire redouter cette reprise. En réalité je ne redoutais rien, mais je crois que je peux dire comme ça , pour cette visite j'étais très attentive à l'environnement et à l'ambiance car je venais d'un monde si différent, un monde où les gens vivent avec leurs joies et leurs soucis, mais vivent et tout dans leurs heures est organisé pour cette chose si normale qu'est la vie de tous les jours. Et là j'ai vu ceux qui sont dans l'angoisse pour les leurs, j'ai vu l'épuisement de certains, j'ai ressenti tout le poids qu'il y a sur eux. Et puis j'ai vu les postes de réa avec ces humains si faibles, ces humains en danger, ces humains dont beaucoup sont là à cause d'un coup de tonnerre qui s'est abattu sur eux, et d'autres à la suite d'une longue usure, d'une lutte où leur corps a tellement faibli qu'il a besoin d'une aide très importante. Et puis j'ai vu aussi la fatigue et la tension de l'équipe. Dans la soirée avec Nathali on a parlé de choses de notre vie, c'était de la joie et du partage, mais aussi de temps en temps Nathalie revenai au service et à ceux dont on s'occupe. Et c'était doux ce mélange d'intimité, ce mélange de nous et de la présence des autres. Et puis aujourd'hui j'ai fait ce que j'avais à faire, les gestes techniques et puis aussi tant que j'ai pu les petits gestes de confort dont j'ai déjà parlé. En fin d'après midi je me suis beaucoup occupée de Marlène qui avait été mise sous assitance légère en début de matinée. Elle reprenait contact avec son corps, avec la fatigue de son corps mais aussi les inconforts de son corps, c'est surtout ses poignets qui lui faisaient mal car malgré les précautions la chair se marque et souffre quand le corps se débat pendant les aspirations trachéo-bronchiques. Comme beaucoup de personne dans cette phase elle avait besoin de fraîcheur pour ses mains, de les tremper un tout petit peu pour une vraie sensation de fraîcheur et de bien être. Alors on a fait et elle sortait un peu ses mains et doucement j'appuyais dessus, ou elle enfonçait et doucement je sortais ses mains pour qu'elle ait le plaisir de les replonger. Elle me regardait très attentivement avec une joie enfantine sur son visage, et puis je l'ai essuyée, j'ai tout vérifié, réglé sa perf et je lui ai souhaité une nuit tranquille. Au moment où je la quittais elle m'a dit "on refera le petit bateau demain mademoiselle" et quand elle m'a dit ça j'ai eu un grand soleil dans le coeur vraiment et je me suis dit que j'ai de la chance d'avoir autant de bonheur dans ma profession et autant de bonheur dans ma vie, je me suis dit que c'est continuité. J'oubliais Marlène a 74 ans et son état s'est stabilisé depuis seulement 3 jours.

Je vous embrasse et je dis toujours amitié et fratenité. Tanya